Formul℞ Info
Année 24
Février 2017
N° 1
Nouveau, renouvelé et digitalisé : Le Formulaire de soins aux Personnes Agées.
Avant-propos
Voici notre première version numérique du Formul℞ Info. Cette publication est composée par la rédaction du Formulaire de soins aux Personnes Agées. Le contenu des numéros correspond aux thèmes de ce Formulaire. Nous apportons des informations et un soutien aux professionnels de la santé actifs dans les soins aux personnes âgées. Outre un numéro annuel consacré aux nouveautés, divers thèmes pertinents concernant la prise en charge de divers problèmes médicaux chez les personnes âgées y seront abordés.
Dans ce premier numéro, nous vous proposons une visite guidée dans nos différents chapitres et nos fiches médicamenteuses. Nous parcourons les modifications majeures introduites l'an dernier dans les différents chapitres. Pour chacun des sujets, vous pouvez activer le lien vers le chapitre correspondant. Dans la seconde partie, nous vous présentons nos fiches médicamenteuses numérisées, leur méthodologie et quelques rubriques nouvelles.
Vous aider au mieux sur le terrain en vous apportant les conseils les plus à jour en matière de prise en charge d'affections courantes chez les personnes âgées, nous tient à coeur.
Comme notre format numérique permet une interaction aisée avec nos utilisateurs, nous lançons un appel chaleureux à toutes et à tous pour nous communiquer vos questions et vos suggestions à l'aide du bouton de feed-back à droite de votre écran. Réponse assurée ! Vos remarques nous permettront d'optimiser la valeur pratique de notre formulaire.
Système cardio-vasculaire
Système Gastro-intestinaal
Système respiratoire
Système hormonal
Douleur et fièvre
Soins palliatifs – Soins de fin de vie
Pathologies ostéo-articulaires
Système nerveux
Maladies infectieuses
Vitamines et minéraux
Dermatologie
Ophtalmologie
Oto-rhino-laryngologie
Sources et méthodologie
Structure de la fiche médicament
Principe actif et Spécialités disponibles
Indications
“Contra-indications” et “Précautions particulières”
Dosage (posologie)
Effets indésirables
Préparation magistrale
Tableau de prix
Nouvelle rubrique : “Que faire en cas d'insuffisance rénale?”
Nouvelle rubrique : “Préparation, conservation et administration.”
Quoi de neuf dans le Formulaire p.a. en 2016 ?
Notre formulaire est remanié chaque année. La littérature pertinente est passée au crible par les auteurs, les données principales sont incorporées dans les chapitres et, une fois mis à jour, chaque chapitre a été relu par un expert. Dans ce bulletin numérique, nous résumons pour vous les modifications majeures de 2016, afin de vous permettre d'en tenir compte dans votre pratique clinique. Nous vous renvoyons au Formulaire de soins aux Personnes Agées sur www.farmaka.be pour une argumentation in extenso de ces adaptations.
• Système cardio-vasculaire
Dans le cas d'un post infarctus du myocarde et post mise en place d'une endoprothèse coronarienne ont été ajoutés comme sous-indications supplémentaires dans le chapitre "Système cardio-vasculaire" sous l'indication "Ischémie myocardique". Post infarctus du myocarde, un traitement médicamenteux cardio-vasculaire est recommandé, comprenant aspirine, bêtabloquant, statine et IEC. En complément d’un traitement médicamenteux optimal, une stratégie invasive (angioplastie percutanée ou pontage coronarien par greffon) reste bénéfique chez des sujets fort âgés.
Chez les personnes âgées de 65 à 79 ans, le seuil considéré pour initier un traitement antihypertenseur est habituellement de 160 mmHg pour la pression systolique et de 90 mmHg pour la pression diastolique. Le critère de la liste START version 2 est une PAS de 160 mmHg.
En l'absence de comorbidité, un diurétique thiazidique à faible dose (chlortalidone) reste le traitement antihypertenseur de premier choix. Les choix en cas de comorbidité se retrouvent dans un tableau au bas de l'introduction dans l'indication “Hypertension artérielle”.
En cas d'IMC > 27 kg/m2, une perte de poids maintenue à long terme est associée à une réduction significative des inconvénients de la fibrillation auriculaire (fréquence, durée, sévérité) et à un maintien en rythme sinusal. La pratique chronique d’exercices est à prendre en considération chez des patients avec une fibrillation auriculaire. Elle peut avoir un intérêt en termes de contrôle du rythme, d'amélioration de la force et de la puissance musculaire, des activités de la vie quotidienne et de la qualité de vie.
La pratique d’exercices, utile pour le contrôle du rythme en cas de fibrillation auriculaire.
Pour le contrôle de la fréquence en cas de fibrillation auriculaire, les traitements de premier choix recommandés sont un bêtabloquant (non sotalol) ou le diltiazem. Une grande étude de cohorte prospective a montré un bénéfice en termes de diminution de la mortalité chez des patients recevant un traitement par bêtabloquant ou inhibiteur calcique pour le contrôle de la fréquence en cas de fibrillation auriculaire. La digoxine peut également être utilisée, pour autant que la fonction rénale le permette.
Une recherche de tous les guides de pratique clinique en prévention primaire d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) montre que des recommandations spécifiques pour les personnes âgées sont vagues et limitées. Les recommandations classiques pour la population générale peuvent être d’application, mais elles doivent être modulées en fonction des attentes du patient âgé et de son plan de vie.
Il faut éviter l’association de médicaments antiagrégants plaquettaires en traitement prolongé post AVC (absence de bénéfice versus acide acétylsalicylique seul et risque hémorragique accru).
Dans la prévention et le traitement de la thromboembolie veineuse (TEV), notre choix de l'héparine de bas poids moléculaire (HBPM) est modifié : nous sélectionnons l'énoxaparine plutôt que la nadroparine. L'énoxaparine est meilleur marché et plus sûre en cas d'insuffisance rénale.
Les statines sont le traitement de premier choix en prévention cardiovasculaire secondaire (post infarctus du myocarde ou post mise en place d'une endoprothèse coronarienne) chez les sujets âgés de 65 à 80 ans. Nous ne disposons pas de preuves scientifiques de l'utilité de la baisse du taux de cholestérol ni d'un traitement par statines au-delà de 80 ans. Un arrêt du traitement est à prendre en considération chez des patients avec une espérance de vie limitée. Une étude randomisée pragmatique montre, dans cette population sans pathologie cardiovasculaire récente, que l’arrêt d’un traitement par statine améliore la qualité de vie, réduit la consommation d’autres médicaments et le coût médicamenteux.
L’arrêt d’une statine améliore la qualité de vie des patients avec une espérance de vie limitée.
Les préparations de levure de riz rouge sont à éviter parce qu'il n'y a aucune garantie quant à leur composition et qu'il existe un risque important d'interactions et d'effets indésirables.
• Système gastro-intestinal
Soyez prudent avec l’instauration d’un IPP pour des plaintes non graves.
Les antihistaminiques H2 et les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ne sont plus sélectionnés, mais à prendre en considération en cas de dyspepsie. Ces médicaments sont enregistrés pour le traitement et la prévention de récidives d'ulcères gastroduodénaux, pour l'œsophagite de reflux et le syndrome de Zollinger-Ellison. Ils ne sont pas enregistrés pour le traitement de la dyspepsie. L'emploi prolongé d'IPP peut s'accompagner d'effets indésirables (risque accru de fractures ostéoporotiques, hypomagnésémie symptomatique, carence en vitamine B12, néphropathie). L’arrêt d’un traitement par IPP peut générer un rebond de reflux acide. Ce phénomène peut encourager l’utilisation continue, alors que l’indication initiale n'est plus présente.
La prudence est donc de mise lors de l'instauration d'un traitement symptomatique avec ces médicaments pour des plaintes non graves. Au cas où ils sont malgré tout prescrits, il importe d'informer le patient au sujet des risques et de recommander une durée aussi courte que possible, à la dose la plus faible possible. On peut également conseiller de les prendre en fonction des symptômes.
• Système respiratoire
Les anticholinergiques à longue durée d'action, dont le tiotropium, ne sont plus considérés comme non sélectionnés, mais comme à prendre en considération en cas de BPCO. Il existe des preuves que le tiotropium réduit le nombre d'exacerbations de BPCO et d'hospitalisations liées à la BPCO chez des patients présentant une BPCO modérée à sévère. C'est la raison principale pour laquelle les guides de pratique octroient au tiotropium une place à côté des autres bronchodilatateurs. Le guide de pratique clinique de NICE mentionne que les bronchodilatateurs à longue durée d’action, dont le tiotropium, sont à réserver aux patients restant symptomatiques sous bronchodilatateurs à courte durée d’action.
Aucune plus-value n'a été démontrée pour des anticholinergiques plus récents (uméclidinium, glycopyrronium et aclidinium) par rapport au tiotropium. Il n'existe pas davantage de preuve concluante d'une plus-value de l'association de vilantérol et d'uméclidinium.
Dans un groupe de patients sélectionnés avec BPCO stable, on peut envisager de réduire progressivement ou d’arrêter éventuellement le corticostéroïde inhalé. Dans une RCT incluant des patients BPCO de stade GOLD 3 ou 4 qui utilisaient du tiotropium et du salmétérol en plus d’un corticostéroïde inhalé (fluticasone), il a été possible d’interrompre le corticostéroïde inhalé sans qu’une exacerbation se produise plus rapidement. Le corticostéroïde inhalé a été réduit progressivement sur une période de 12 semaines. Une étude d’observation montre que le risque de pneumonie peut ainsi être réduit.
• Système hormonal
La metformine reste le médicament de premier choix chez les patients diabétiques dont le contrôle glycémique est devenu insuffisant avec des adaptations du style de vie. Il en est de même chez les patients sans excès pondéral ou avec une insuffisance rénale légère à modérée. Chez les patients avec un DFG entre 30 et 60 ml/min, la dose maximale est 1 g/j et il faut interrompre temporairement le traitement dans des situations qui augmentent le risque d'acidose lactique.
En cas de contrôle glycémique insuffisant avec la metformine en monothérapie, nous recommandons l'association de metformine et de gliquidone. Une analyse des données de l'étude UKPD 34 a suscité des questions au sujet de la sécurité cardio-vasculaire de l'association. La littérature récente souligne différentes formes de biais dans les études UKPD. Une analyse minutieuse des RCT ne permet pas de confirmer une association entre un traitement combiné de metformine et de sulfamidés hypoglycémiants et un risque accru de mortalité. En outre, la plupart des recommandations indépendantes proposent cette bithérapie comme le meilleur choix en cas de contrôle glycémique insuffisant avec la metformine en monothérapie. La demi-vie brève de la gliquidone limite le risque d'hypoglycémie sévère. Ce médicament est essentiellement métabolisé par le foie, ce qui permet son emploi chez les personnes âgées avec une fonction rénale altérée.
Pour le liraglutide versus placebo, l’étude LEADER a montré un bénéfice pour des critères d’évaluation cardiovasculaires chez des patients diabétiques avec antécédents cardiovasculaires et mal équilibrés par le traitement de fond. La portée de ces résultats n’est actuellement pas claire. D’autres données sont nécessaires pour comprendre les mécanismes en jeu. Nous ne sélectionnons pas les médicaments agissant sur le système incrétine en raison de données insuffisantes concernant la prévention de complications du diabète dans la population globale des patients diabétiques, du manque de données au sujet de la sécurité à long terme et de leur coût important.
Nous avons ajouté des données supplémentaires sur les gliflozines (inhibiteurs du SGLT2), une nouvelle classe thérapeutique. Leur effet hypoglycémiant est basé sur l'inhibition de la réabsorption rénale du glucose, générant ainsi une glycosurie et une diurèse osmotique. L’étude EMPA-reg a montré un avantage par rapport au placebo sur des critères d’évaluation cardiovasculaires chez des patients diabétiques présentant un risque cardio-vasculaire très élevé. Il existe un risque d’insuffisance rénale aiguë et d’acidose lactique atypique. La canagliflozine semble provoquer plus fréquemment des effets indésirables chez les personnes âgées de plus de 75 ans. Ces médicaments ne sont pas sélectionnés en raison d'une balance bénéfice-risque défavorable.
• Douleur et fièvre
Le diclofénac est sélectionné comme AINS local pour le traitement de douleurs aiguës musculaires et squelettiques. Plusieurs AINS topiques ont un effet analgésique dans diverses situations comme les entorses, les luxations ou les lésions de surcharge. Cet effet est probablement comparable à celui des AINS oraux. L'efficacité est surtout prouvée dans les formulations de gel de diclofénac, d'ibuprofène et de kétoprofène. Les études avec le diclofénac sont les plus nombreuses et l'AINS local (sous forme de gel émulsionné, émulgel) possède le NST le plus bas. Nous ne disposons cependant d'aucune comparaison directe permettant de montrer une meilleure activité d'un AINS local par comparaison à un autre.
• Soins palliatifs – Soins de fin de vie
En cas de dyspnée, l’administration d’oxygène n’est conseillée que pour traiter les dyspnées modérées ou sévères ou les hypoxémies. Si le patient n’en ressent pas l’utilité, l’administration doit être interrompue. La prévalence de la dyspnée est élevée chez des patients à un stade avancé ou terminal de la maladie.En cas de dyspnée, l’administration d’oxygène n’est conseillée que pour traiter les dyspnées modérées ou sévères ou les hypoxémies. Si le patient n’en ressent pas l’utilité, l’administration doit être interrompue. La prévalence de la dyspnée est élevée chez des patients à un stade avancé ou terminal de la maladie.
• Pathologies ostéo-articulaires
Nous n'avons plus de préférence univoque pour l'un ou l'autre traitement médicamenteux dans la prise en charge de la crise de goutte aiguë. Le choix entre un AINS, la méthylprednisolone ou la colchicine sera individualisé en fonction de la comorbidité, des effets indésirables potentiels et du bénéfice de précédents traitements de crises de goutte. En raison des preuves limitées et du risque d'effets indésirables potentiels, nous ne sélectionnons plus l'allopurinol comme traitement préventif. Le médicament reste à prendre en considération.
• Système nerveux
Le chapitre sur les troubles du comportement dans la démence est complété d'une information sur la prise en charge médicamenteuse ou non. Nous rappelons que l'instauration d'un antipsychotique reste l'ultime ressource, vu la sévérité de ses effets indésirables potentiels dans une population âgée. Avant de prendre en considération ces médicaments, il importe de se baser sur un diagnostic exact et d'évaluer le risque pour le patient. Il faut distinguer une psychose de la phase aiguë d'agitation et du délire aigu. Cette distinction influence tant la décision d'instaurer ou non un antipsychotique que la durée du traitement. Le seuil de prescription doit être plus élevé en cas d'agitation aiguë et de délire que dans une psychose. Dans l'agitation aiguë et le délire aigu, on arrête les antipsychotiques dès que la situation se normalise. En cas de psychose, la prescription est limitée à 12 semaines sans symptômes, et on tente de réduire la dose progressivement tous les 3 mois puisque certains comportements diminuent avec la progression de la maladie. Tant dans la psychose que la phase aiguë d'agitation et le délire aigu, il est préférable de commencer à faible dose et de réévaluer l'efficacité et les effets indésirables après 3 à 7 jours.
Afin d'évaluer correctement le risque de cette médication, il faut tenir compte de la situation médicale (motricité, arythmie cardiaque, hypotension orthostatique, rétention urinaire) ainsi que des risques (cardiovasculaires, sédation, symptômes extrapyramidaux). En cas d'antécédents de troubles cardiovasculaires ou d'association avec des médicaments susceptibles d'allonger l'intervalle QT il est recommandé de réaliser un électrocardiogramme avant l’instauration du médicament. Un traitement antipsychotique doit être démarré après une concertation multidisciplinaire et en accord avec le patient ou son représentant légal, qui doit également être mis au courant des effets indésirables potentiels.
Des antipsychotiques pour des troubles du comportement malgré tout? Convenez d'une date d'arrêt lors de l'instauration du traitement avec des antipsychotiques!
Il importe de vérifier régulièrement si les antipsychotiques peuvent être arrêtés ou progressivement diminués. L'arrêt ou la réduction progressive des antipsychotiques peut cependant induire une recrudescence des symptômes neuropsychiatriques si cette tentative n'est pas associée à des interventions non médicamenteuses.
Nous recommandons donc d'associer la réduction progressive des antipsychotiques à des interventions non médicamenteuses comme la stimulation par des activités signifiantes et des interactions sociales.
Nous déconseillons la prescription de la trazodone en cas de troubles du sommeil et de dépression en raison du manque de preuves scientifiques quant à son efficacité et de ses risques au point de vue sécurité (sédation, confusion, vertiges, hypotension orthostatique et arythmies cardiaques). Dès lors, la trazodone n'est pas sélectionnée dans le Formulaire des soins aux Personnes Agées.
• Maladies infectieuses
Utilisation rationnelle des antibiotiques: En plus des effets indésirables neuropsychiatriques (psychose, délire, confusion, hallucinations, convulsions), des tendinites et des ruptures ligamentaires, des neuropathies périphériques et des anévrysmes ou dissections aortiques viennent s'ajouter à la liste des effets indésirables (sévères) des quinolones.
Pas d’antibiotiques en cas d’une diverticulite non compliquée.
Un antibiotique systématique n'est pas nécessaire en cas de diverticulite non compliquée. Selon le guide du BAPCOC « en attendant des études supplémentaires, un traitement antibiotique peut quand même être envisagé ». Cette recommandation ne tient pas compte des dernières études publiées. Une RCT publiée en 2012 ne montrait pas de bénéfice d’un traitement par antibiotique d’une diverticulite aiguë non compliquée en termes de délai de guérison, de prévention des complications ou de récidive. Nous recommandons donc de limiter l'emploi d'antibiotiques dans la diverticulite aux patients présentant un risque accru, comme en cas d’immunosuppression, de comorbidité importante, de syndrome inflammatoire important, de sepsis.
Dans la situation belge, il existe peu d’arguments pour privilégier clairement un vaccin anti-influenza tétravalent, certainement chez l’adulte. Nous suivons ici la recommandation du CBIP. Par rapport aux vaccins trivalents, les vaccins tétravalents contiennent une seconde composante du virus influenza B. Les vaccins tétravalents limitent ainsi les risques d'inadéquation (mismatch) entre la composante du virus influenza B dans le vaccin et les virus influenza B circulants. Les virus influenza B appartenaient surtout, mais pas exclusivement, à la lignée B-Yamagata dans le vaccin trivalent. 3 Les virus influenza B provoquent en outre, surtout chez l'adulte, une grippe moins sévère et des épidémies moins importantes que les virus influenza A.
Nous ne disposons pas de preuves suffisantes pour recommander une vaccination systématique de toutes les personnes âgées contre le pneumocoque.
L’efficacité du vaccin 13-valent conjugué a été évaluée dans une population hollandaise âgée d’au moins 65 ans. Il faut vacciner environ 1.111 personnes pour prévenir un seul cas de pneumonie à pneumocoques (due à un pneumocoque de sérotype repris dans le vaccin), sans efficacité prouvée sur la mortalité liée à une pneumonie à pneumocoque, même provoquée par un sérotype vaccinal. La revue Prescrire estime, après analyse de l’étude hollandaise, qu’un âge supérieur à 65 ans n’est pas un critère suffisant pour justifier cette vaccination contre le pneumocoque. Le Conseil Supérieur de la Santé belge recommande cependant de vacciner (comme aux USA) toute personne de plus de 65 ans avec en première instance le vaccin PCV13 (Prevenar 13®) et ensuite le vaccin polysaccharidique contre 23 types de pneumocoques (Pneumovax 23®) (Avis du CSS n°9210).
• Vitamines et minéraux
En association avec une préparation hyperprotéinée, l'administration d'antioxydants peut favoriser la guérison plus rapide d'escarres de décubitus chez des personnes dénutries. Une RCT a montré l’intérêt en termes de guérison d’escarres de l’administration d’une préparation nutritionnelle hypercalorique, hyperprotéinée (enrichie en antioxydants, arginine et zinc) versus la même préparation non enrichie chez des patients d’un âge moyen de 81 ans.
Nous ne disposons pas de preuves suffisantes pour exclure un risque cardiovasculaire accru lors de l’administration de suppléments calciques, particulièrement pour des doses > 1.000 mg/j. Un tel risque n’est pas identifié pour le calcium d’origine alimentaire.
Il n’existe actuellement pas de preuves suffisantes de l’intérêt d’administrer des suppléments de coenzyme Q10 dans différents domaines : maladie de Parkinson, insuffisance cardiaque, myalgies sous statine, prévention cardiovasculaire primaire ou en cas d'hypertension artérielle.
• Dermatologie
Pour le traitement local de plaies chroniques, une information a été ajoutée sur le modèle TIME d'évaluation des plaies chroniques. Ce modèle évalue la plaie sur base de 4 critères (lit de la plaie, présence ou absence d'infection, taux d'humidité, berges de la plaie). Le paragraphe sur les pansements de plaie actifs a été réécrit. Malgré le manque de données permettant de faire une distinction entre les pansements de plaies spécifiques, nous recommandons de baser le choix d'un pansement actif sur l'évaluation à l'aide du modèle TIME. De nouvelles fiches sur les pansements de plaie actifs sont en cours de rédaction.
Les guides de pratique donnent des conseils spécifiques sur les changements de position, mais les preuves de leur efficacité font défaut dans la littérature. Les changements de position s'imposent également lors de l'emploi d'un matelas anti-escarres. Une inspection quotidienne à la recherche d'une rougeur qui ne disparaît pas à la pression doit être instaurée en guise de prévention chez des patients immobilisés. Le cas échéant, des changements de position et un matelas adapté sont recommandés. Une position à 30° ou latérale aura la préférence. A titre préventif, on conseille de modifier la position toutes les 2 à 4 heures. En présence d'escarres, le patient doit changer de position au moins une fois toutes les deux heures en position assise, le patient couché au moins une fois toutes les quatre heures. En cas d'apports alimentaires insuffisants, des suppléments nutritionnels (enrichis) sont à prendre en considération.
• Ophtalmologie
Un zona ophthalmica est une infection due au virus de l'herpes zoster qui atteint la branche du nerf trijumeau correspondant au nerf ophtalmique (nerf V1). En cas de zona ophtalmique, les troubles cutanés caractéristiques peuvent alors se manifester dans ce dermatome : front, paupières, sommet du nez. Plus de 40% de ces patients vont développer des complications oculaires. En raison de leur sévérité potentielle (kératite, iridocyclite, glaucome secondaire ou panophtalmie), un traitement antiviral par voie orale est toujours instauré en cas de zona ophtalmique. En présence de complications oculaires, il est indiqué d'adresser le patient d'urgence à un ophtalmologue pour juger de l'opportunité éventuelle d'un traitement antiviral par voie intraveineuse.
• Oto-rhino-laryngologie
La rhinite non allergique est ajoutée comme nouvelle indication. En cas de plaintes nasales prolongées ou récidivantes, non provoquées par des allergènes inhalés, il importe de vérifier si la rhinite ne se produit pas suite à l'emploi prolongé d'un médicament. Une rhinite peut être provoquée par l'emploi prolongé de décongestionnants locaux, d'acide acétylsalicylique, d'AINS, de statines et de collyres avec un bêtabloquant. On peut vérifier si un médicament est effectivement lié aux plaintes. Pour ce faire, on peut interrompre temporairement l'administration du produit suspect et la reprendre une fois que les symptômes ont disparu. Si les plaintes disparaissent lors de l'interruption, et qu'elles réapparaissent après la reprise, il faut réévaluer la nécessité du médicament et chercher une alternative éventuelle qui ne déclenche pas de plaintes chez le patient. Les corticostéroïdes locaux sont efficaces en cas de plaintes d'obstruction par des polypes et d'hypertrophie des cornets. Ils peuvent être prescrits après l'arrêt de l'emploi prolongé de décongestionnants. Nous préférons la mométasone à la béclométasone en raison de son prix plus favorable.
La solution burow en cas d'otite externe
En cas d'otite externe, la solution de Burow est le premier choix (au lieu de gouttes auriculaires acides à l'hydrocortisone). Les arguments en faveur de l'efficacité de la solution de Burow sont meilleurs que pour les gouttes auriculaires acides. En outre, la solution de Burow pourrait être utilisée sur un tympan perforé. Les gouttes auriculaires acides à l'hydrocortisone sont déplacées vers 'à prendre en considération'.
Un coup d'œil sur les "fiches médicamenteuses" du "Formulaire de soins aux Personnes Agées"
Elles figuraient déjà dans la première édition 2004 du formulaire MRS, et restent évidemment présentes dans le Formulaire numérique : les Fiches médicamenteuses. Le critère du nombre de pages (le livre ne devient-il pas trop lourd ?) n'est plus de mise depuis, et la technologie numérique nous permet de vous apporter beaucoup plus de données.
Ces fiches sont composées par une rédaction de médecins et de pharmaciens et s'adressent à tous les professionnels de la santé actifs dans les soins aux personnes âgées.
Par ailleurs, nous allons rédiger sous peu des fiches pour les produits 'à prendre en considération' en plus des médicaments « sélectionnés ». Les fiches seront en outre complétées par deux nouvelles rubriques : "Que faire en cas d'insuffisance rénale ?" et "Préparation, conservation et administration".
La rédaction de fiches médicamenteuses, spécifiquement à l'intention des personnes âgées, n'est pas toujours chose facile. En effet, les données scientifiques au sujet de ces produits, leurs effets et leur sécurité chez les patients âgés ne sont souvent guère connus, la plupart des études excluant les personnes (fort) âgées. Sur base de différentes sources, nous essayons malgré tout d'accorder dans la mesure du possible les fiches médicamenteuses à notre groupe cible : les personnes âgées en général et les résidents des MRS en particulier.
Votre opinion nous intéresse et nous tenons à savoir si nos fiches correspondent suffisamment aux besoins du travail sur le terrain. A nouveau, nous vous invitons à utiliser le bouton de feed-back à droite de votre écran. N'hésitez donc pas à nous envoyer vos conseils, vos commentaires, vos suggestions et éventuellement vos propositions d’ajout(s). Nous en tiendrons certainement compte pour optimaliser la valeur pratique de nos fiches.
Vous trouverez nos fiches ici:
• Sources et méthodologie
Les fiches de médicaments sont rédigées par notre rédaction de pharmaciens et sont relues par des médecins qui travaillent sur le terrain.
Selon les rubriques, diverses sources sont utilisées pour leur rédaction et leur mise à jour.
Les principales sources sont: le RCP (notice scientifique) du médicament concerné, le Répertoire Commenté des Médicaments du CBIP, Stockley's Drug Interactions, British National Formulary, The Renal Drug Handbook, Geriatric Dosage Handbook, Martindale, le guide d'interactions de la revue Prescrire, les 'Commentaren Medicatiebewaking', la carte des CYP des HUG Genève, Delphicare, les rapports des Réunions de Consensus de l'INAMI, les données de pharmacovigilance et les études d’observation importantes contenant des données pour une population âgée.
• Structure de la fiche médicament
Parcourons rapidement la structure générale des fiches. Certains titres de rubriques sont évidents, d'autres nécessitent quelques explications.
Chaque fiche comporte les rubriques suivantes:
Principe actif et spécialités disponibles
Indications
Contre-indications
Dosage (posologie)
Précautions
Effets indésirables
Interactions
Couper et broyer
Préparation magistrale (si applicable)
Tableau de prix
• Principe actif et spécialités disponibles
Vous trouverez depuis peu, sous le nom du principe actif (« molécule »), les noms des spécialités disponibles. Ils ont été ajoutés à la demande des infirmiers et soignants, pour faciliter l'identification du médicament administré. L'introduction d'un nom déposé dans la fonction de recherche conduit directement à la fiche correspondante. Cette rubrique est mise à jour chaque mois sur base des données du CBIP (Centre Belge d'Information Pharmacothérapeutique).
• Indications
Vous trouverez dans cette rubrique toutes les indications pour lesquelles le médicament est sélectionné dans notre formulaire. Elles ne correspondent pas toujours aux indications pour lesquelles le médicament est enregistré. En effet, nous n'estimons pas toujours que les médicaments sont indiqués chez les personnes âgées tels qu'ils sont enregistrés.
Pour chaque indication, le lecteur peut sélectionner le chapitre correspondant du Formulaire et retrouver les arguments justifiant notre choix.
• “Contre-indications” et “Précautions particulières”
Ces rubriques sont complémentaires.
Nous mentionnons les contre-indications cliniquement pertinentes avec, quand c'est possible, la distinction entre les contre-indications absolues et relatives.
Sous "Précautions particulières" sont reprises les précautions à respecter pour un patient présentant certaines caractéristiques (pathologie supplémentaire, état physique comme par exemple une hypovolémie, les précautions en matière de monitoring (électrolytes, contrôle hématologique en cas de signes d'infection) et les mesures pratiques éventuelles autour de l'emploi du médicament.
• Dosage (posologie)
Nous mentionnons la posologie ou le dosage recommandé dans les RCP avec, si nécessaire, le dosage pour chaque indication sélectionnée.
La dose mentionnée dans les RCP est celle recommandée pour une personne sans trouble de la fonction hépatique ou rénale. Elle ne tient pas compte des interactions médicamenteuses.
Lors de la détermination d'une dose pour une personne âgée, il faut donc tenir compte :
- du dosage généralement recommandé;
- des autres traitements médicamenteux en cours (chroniques ou occasionnels);
- d'autres interactions (non médicamenteuses) possibles;
- des précautions d'utilisation recommandées.
Si nécessaire, nous expliquons la dose initiale et ensuite la meilleure façon de titrer, avec la dose cible, la dose maximale et l'intervalle entre les doses. Le cas échéant, nous donnons également des recommandations au sujet du moment optimal d'administration et le moment de prise par rapport au repas.
• Effets indésirables
La liste complète des effets indésirables se retrouve dans la notice scientifique de chaque médicament. Nous ne les mentionnons pas tous dans nos fiches, seuls les plus fréquents et les plus sévères, en particulier chez les patients âgés. En attirant l'attention des professionnels de la santé sur les effets indésirables les plus pertinents, nous voulons contribuer à une plus grande vigilance concernant la sécurité d'emploi des médicaments prescrits.
• Préparation magistrale
Pour les médicaments pour lesquels il existe une préparation magistrale, l'ordonnance, la composition, le prix et le mode de conservation sont mentionnés.
• Tableau de prix
Vous trouverez ici un tableau synoptique des spécialités et emballages disponibles, avec leur prix et leur statut (bon marché ou non).
• Nouvelle rubrique : “Que faire en cas d'insuffisance rénale ? ”
Les troubles de la fonction rénale sont fréquents chez les personnes âgées. La prévalence de l'insuffisance rénale (DFG < 60 ml/min/1,73 m²) se situe entre 10 et 20% chez les personnes entre 70 et 80 ans. Au-delà de 80 ans, elle s'élève globalement à 20 à 45%, et à 50% chez les octogénaires avec un profil gériatrique (référence : Réunion de Consensus de l'INAMI 2014).
Lorsque la clairance de créatinine est inférieure à 60 ml/min, on admet généralement qu'une adaptation de la dose s'impose pour des médicaments qui sont essentiellement éliminés par les reins (plus de 60%). L'adaptation de la dose en cas de fonction rénale réduite est surtout importante pour des médicaments avec une marge thérapeutique/toxique étroite. Des exemples typiques sont la digoxine, le lithium et les aminoglycosides (FormulR/Info, 2009).
Certaines fiches médicamenteuses mentionnent dès maintenant des recommandations pour l'adaptation de la dose en cas d'insuffisance rénale. Nous ajouterons à l'avenir des recommandations concrètes dans toutes les fiches.
• Nouvelle rubrique : “Préparation, conservation et administration”
Nous voulons mentionner dans cette rubrique toutes les modalités pratiques de préparation, de conservation et d'administration. Par exemple :
- Le médicament peut-il être préparé à l'avance ? Certaines mesures s'imposent-elles pour éviter que le médicament ne soit détérioré par la lumière, l'humidité ou d'autres facteurs?
- Un médicament (par exemple des gouttes de Haldol®) peut-il être préparé à l'avance ?
- Le médicament peut-il être mélangé à certains aliments ?
- Le médicament doit-il être pris avant, pendant ou après les repas ?
Partagez votre opinion!
Le “Formulaire de soins aux Personnes Agées” et les “Fiches Médicamenteuses” sont des documents de travail vivants, rédigés par des médecins et des pharmaciens à l'attention de tous les professionnels de la santé actifs dans les soins aux personnes âgées.
Les mises à jour permanentes apportées à ces documents visent à faire concorder la pratique et les connaissances scientifiques les plus récentes.
Avez-vous des questions ? Souhaitez-vous réagir ? Avez-vous des suggestions pour optimaliser leur valeur sur le terrain?
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Colophon
Responsable d’édition: N. Reusens
Rédacteur en chef adjoint: P. Chevalier
Rédaction: A. Chaspierre, L. Christiaens, T. Christiaens, B. Couneson, M. Hanset, M.A. Janssens, J. Lannoy, I. Leunckens, W. Staessen,
J.P. Sturtewagen, M.A. Van Bogaert, J. Van Elsen, C. Veys
Collaborateurs: D. Boudry, S. Vanderdonck
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