Aller au contenu
Attention: Pour améliorer votre expérience sur ce site web, nous utilisons des cookies.

Dernière mise à jour le : 19/12/2019

Freiner l'usage inutile des IPP

Rédigé par Mandy Duquesne sur dans la Catégorie: Nouvelles générales

La Ministre De Block souhaite combattre l’usage inutile de médicaments et notamment freiner celle des IPP. Une bien mauvaise nouvelle pour l’industrie pharmaceutique, selon Ruben Mersch.

Freiner l'usage inutile des IPP

Ils campent depuis des années dans le top dix des médicaments les plus couramment prescrits. En 2014, ils ont été consommés par plus de 2 millions de Belges, ce qui représente chaque année plus de 350 millions de comprimés. C’est le gouvernement qui casquait avec un remboursement de presque 100 millions d'euros par an. Il s’agit des inhibiteurs de la pompe à protons, autrement dit, les IPP. Votre médecin vous les prescrit si vous souffrez d'un ulcère de l'estomac ou de reflux, parfois même quand vous n’avez pas épargné votre estomac pendant les fêtes avec un repas trop copieux, surmonté d'un peu trop d'alcool.

 

Accro à cette pilule


Ces IPP sont efficaces et relativement sans danger mais nous les consommons souvent avec trop d’enthousiasme. Environ la moitié de ces pilules sont avalées par des personnes qui n’en ont pas vraiment besoin.  Si vous avez mal à l’estomac, il ne faut pas immédiatement vous ruer sur une de ces petites pilules. Un peu de patience ou quelques adaptations à votre style de vie sont souvent suffisants. Et une fois que vous commencez à prendre des antiacides, pas facile d’arrêter. Votre estomac s’y habitue de sorte que lorsque vous arrêtez d’en prendre temporairement, les brûlures d'estomac reviennent avec encore plus d’intensité. C’est pourquoi nous en consommons encore et encore, souvent pendant des années. Cette surconsommation a un coût. Un simple calcul :  50 % de surconsommation et un budget annuel de 100 millions, soit 50 millions d'euros par an que nous pourrions épargner si nous parvenons à complètement éliminer cet excès. Pas mal dans un contexte de contraintes budgétaires. Freiner cette consommation présente d’autres avantages. Même si ces pilules sont relativement sans danger, les  effets secondaires apparaissent en plus grand nombre, vu notre consommation massive. Une chance sur mille de contracter une infection gastro-intestinale, ce n’est pas beaucoup. Mais deux millions de Belges qui consomment ces pilules, cela signifie du coup deux mille patients supplémentaires. Il est donc bon que la Ministre Maggie De Block (Open VLD) ait récemment décidé de combattre cette surconsommation. Désormais, les grands emballages d'IPP au dosage le plus élevé ne sont plus remboursables. Ainsi, le coût de la pilule sera plus élevé, ce qui devrait conduire à une diminution de la consommation. 


Une bonne information, la clé ?


La Ministre aurait également pu utiliser le bras de la loi. Prescrire des médicaments inutiles en Belgique est passible d'amendes allant de 500 à 50.000 euros. Pourtant, les médecins ne doivent pas avoir peur de voir s’immiscer un agent de police dans leur cabinet: le respect de cette loi est à peine contrôlé, voire pas du tout. Il existe heureusement une autre façon de réduire massivement la consommation de ces pilules. Une manière efficace et économe : la sensibilisation.
Expliquer aux médecins dans quels cas il est préférable de ne pas prescrire d’IPP ou comment les utiliser en toute sécurité peut, d’après des enquêtes, entraîner une baisse significative de cette surconsommation. Malheureusement, les formations des médecins en Belgique sont presque toujours confiées à l’industrie pharmaceutique. Les milliers de représentants médicaux qu'ils envoient à leur rencontre ont évidemment peu de raisons de plaider pour la réduction du nombre de prescriptions.
Mais en Belgique, il existe aussi des visiteurs médicaux indépendants qui ne sont pas rémunérés par l'industrie et qui peuvent jouer un rôle clé pour diminuer cette consommation d'IPP. Malheureusement, ces derniers sont un peu moins nombreux: 15, pour être précis. Pourrions-nous en avoir un peu plus, madame la Ministre?


Ruben Mersch :écrit au nom de Farmaka, une asbl qui soutient l’usage rationnel des médicaments par les médecins généralistes et par les professionnels de la santé. Quinze des 45 employés sont des visiteurs médicaux. Quoi? Les antiacides deviennent plus chers, mais pourquoi faire une exception pour le lansoprazole ? Etrange.

Inscrivez-vous et restez informé!

Vous souhaitez rester informé(e)  de nos projets;

le Formulaire(Info), le (e)-folia, les fiches de transparence ou nos nouveaux projets?

Inscrivez-vous ici